A l'heure des bilans de fin d'année, Mommy est, sans conteste, mon film de l'année.
J'avais apprécié le premier opus de Xavier Dolan J'ai tué ma mère, mais été profondément agacé par le maniérisme narcissique des Amours imaginaires, où le metteur en scène tenait absolument à montrer sa nuque. J'en avais conclu que Laurence anyways et Tom à la ferme ne méritaient pas mon attention...
Avec Mommy, celui qu'on ne désigne plus que comme "le prodige québécois" a voulu faire un film pour le public et non pas à destination des seuls fans de son nombril. Et l'on reste littéralement scotché devant l'écran à géométrie variable où se déchaîne un adolescent strictement hétérosexuel, imprévisible, touchant, dangereux, bien éloigné des personnages habituels de Dolan, souvent englués dans leurs problèmes d'identité sexuelle. Steve est réellement malade et l'auteur parvient à nous rendre sensible son enfermement mental par le format anxiogène de l'écran: ce n'est qu'à deux exceptions que le personnage ouvrira littéralement de ses mains l'espace claustrophobique de son univers pour enfin se libérer et nous libérer par l'utilisation de l'écran large. Jusqu'à la crise suivante.
Plus encore que le personnage de la mère, magistralement interprété par Anne Dorval, c'est celui de l'étrange Kyla (Suzanne Clément) qui m'a paru intéressant: visiblement détruite par la perte d'un petit garçon, elle reporte toute sa sollicitude dans l'impossible rééducation de Steve, délaissant son mari et sa fillette. Le trio - l'adolescent, sa mère, la voisine- ne connaîtra que de rares moments de bonheur, comme la sublime scène où résonne la chanson de la "gloire nationale" du Canada, Céline Dion.
Par ailleurs, en marge du film, Xavier Dolan a tenu des propos qui m'ont fait revenir sur ce que j'estimais être de l'arrogance insupportable de sa part:
- à la suite de son altercation avec Eric Zemmour, il a précisé à un journaliste qui voulait revenir sur l'affaire qu'il ne désirait plus perdre le quart de la moitié d'une seconde à parler de ce monsieur...
- à un autre interviewer extatique qui lui demandait les raisons de son audace à faire entendre du Céline Dion à un moment particulièrement émouvant du film, il a répondu benoîtement qu'il aimait bien Céline Dion..
J'ai l'impression que Xavier Dolan, pas bête du tout et à présent décidé à être sympathique, risque de devenir un très grand cinéaste.
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