lundi 15 juillet 2013

QUAND LES TAMBOURS S'ARRETERONT

Le western est un genre qui n'est plus guère à la mode aujourd'hui; l'échec de Lone Ranger aux USA le démontre bien. C'est donc vers le passé qu'il faut se tourner lorsqu'on veut voir un bon film "de cow-boy", comme on disait autrefois. Quand les tambours s'arrêteront (Apache drums en VO) de Hugo Fregonese est étonnant à plus d'un titre: avant même le générique, les sempiternels cartons qui expliquent au spectateur la situation historico-géographique de l'intrigue sont interrompus par la voix rauque d'un Indien Mescalero rendant explicitement responsables de la misère de son peuple à la fois les gringos et les descendants des Espagnols, les premiers à s'être installés sur la terre sacrée des ancêtres et à l'avoir effrontément exploitée. Dans cet étrange film, rien ne se passe comme prévu et les personnages n'agissent jamais comme on s'y attendrait. Ils évoluent, ils changent, ils présentent des facettes différentes de leur caractère suivant la situation à laquelle ils sont confrontés. Le mauvais garçon, qui ne semble s'intéresser qu'à ses intérêts personnels, se révèle un généreux défenseur du groupe. D'ailleurs, dès le début, le fait qu'il soit aimé, malgré ses défauts apparents, par une jeune femme tout à fait raisonnable,  nous laisse supposer qu'il n'est pas aussi méchant qu'on pourrait le croire. En revanche, le shérif, forgeron de son état, à la bonne tête d'Américain élevé aux céréales, jette hors de la ville les prostituées du saloon, comme tout bon Républicain partisan de l'ordre moral. Il est aidé dans sa tâche de nettoyeur par le pasteur dont le visage de fouine ne dit rien qui vaille; et pourtant cet homme de Dieu à l'esprit particulièrement étroit dévoile un courage inattendu lorsque le village est attaqué par les Apaches. Ceux-ci sont d'ailleurs loin d'être des enfants de chœur : vous n'êtes pas près d'oublier la séquence où is surgissent, tels des diables le corps couvert de peinture rouge, aux lucarnes de l'église encerclée, et se laissent tomber au beau milieu des villageois réfugiés dans le bâtiment. La cavalerie interviendra au bon moment pour sauver tout le monde, mais le capitaine, blessé, ne jouera pas le rôle héroïque attendu.
On a ainsi l'impression que Fregonese a tout fait pour que son spectateur reste constamment attentif, surpris, intéressé. Le tout est réglé en 1h20, ce qui fait du bien à une époque où la moindre comédie qui se voudrait enlevée dure 2h30...