Le début est intéressant. Des extra-terrestres débarquent. On l'a vu mille fois (au cinéma) mais c'est toujours aussi efficace. Et puis, ces extra-terrestres s'expriment de façon originale: ils projettent des cercles d'encre au visage de leurs interlocuteurs. Et c'est là que ça commence à ne plus fonctionner. En moins de temps qu'il n'en faut à un prof de maths pour résoudre une équation du 3ème degré, la linguiste habilitée "Secret défense" décrypte leur langage au point d'établir un dictionnaire numérique lui permettant de composer des phrases. Comment les heptapodes (puisqu'ils ressemblent à des poulpes avec leurs tentacules) comprennent-ils l'anglo-américain de nos héros? Le film ne tentera jamais de nous l'expliquer. Mais le problème n'est pas là. Ces êtres étranges venus d'ailleurs sont pacifistes (ils n'aiment pas la guerre: étonnant, non?) et, généreusement, veulent que la paix règne sur terre entre tous les hommes de bonne volonté; cependant, les vilains Chinois et les pas très gentils Russes ne sont pas vraiment d'accord et jouent cavaliers seuls pour connaître les buts secrets des étrangers. Tout finira bien, avec une réception genre celles de l'ambassadeur, où tous les anciens rivaux se retrouveront.
Les vaisseaux spatiaux s'étant posés en plusieurs endroits de la planète, on a donc droit à des images des différentes télés des régions paniquées: bizarrement, dans ce film qui se veut universaliste, toutes les BFM du monde parlent anglais...
On se croirait dans un bon vieux nanar de science-fiction antisoviétique des années cinquante, avec une grosse louche de philosophie post-moderne brouillardeuse. Et un ennui intersidéral que la musique pseudo Arvo Part ne fait que renforcer. Des ellipses initiales et des flash-back par la suite évoquent le drame subi par la linguiste, mais elle renaîtra à la vie grâce à Jeremy Renner, toujours aussi expressif.
On préfèrera revoir La Chose d'un autre monde, 2001 L'Odyssée de l'espace (le vaisseau spatial est pompé sur le monolithe de Kubrick) ou Rencontres du 3ème type, beaucoup plus poétique et fascinant.
A propos du dernier opus de Denis Villeneuve, on a entendu que c'était le premier film de science-fiction traitant du présent...et de géopolitique: on croit rêver.