Après nous avoir offert le revigorant No (sur le référendum perdu par Pinochet) et le glaçant El club (sur un groupe de prêtres pédophiles exilés), Pablo LarraÍn s'est cru obligé de s'attaquer au monument national chilien, le poète et homme politique Neruda. Il n'a pas voulu, dit-il, faire un film sur Neruda, mais un film nerudien. C'est un peu, ajoute-t-il, comme si, voulant rendre hommage aux Beatles, il avait composé une chanson des Beatles. On voit la modestie de l'entreprise.
Le film tourne très vite au jeu de massacre gratuit: le poète en fuite devant la police de Videla déclame des vers sur un ton pompeux, il est égocentrique, lubrique, ridicule. Confondant sans doute Neruda et Borges, le cinéaste imagine que l'un des personnages, le flic narrateur lancé à la poursuite de celui qui n'est présenté que comme une baudruche pleine de vide, est en fait la créature fictive créée par le poète lui-même: le récit devient alors une mise en abyme qui se veut le reflet du baroque sud-américain.
L'ensemble suinte de prétention et sombre dans l'ennui, d'autant plus qu'on se demande constamment quel est le but réellement poursuivi par le réalisateur et que l'on craint d'être peut-être passé à côté d'une oeuvre intéressante.
Gael Garcia Bernal est transparent face au comédien qui interprète Neruda tel un histrion. Pour bien insister sur l'aspect visionnaire du film, Pinochet fait une apparition en responsable d'un camp de prisonniers...
Prochainement sur vos écrans, Jackie du même...