lundi 7 novembre 2016

UNE VIE

DES DANGERS DE LA RADICALITÉ ...


Après le magistral Loi du marché, Stéphane Brizé déçoit avec son adaptation radicale d'Une vie, le roman de Maupassant.  Le film repose sur un certain nombre de partis pris qui, une fois découverts par le spectateur, donc attendus, deviennent vite ennuyeux. Ainsi des dialogues qui sont, tous, dits suivant une intonation moderne: pas de grossièretés ou d'approximations jeunistes, mais une suppression systématique des négations et surtout une diction contemporaine. Voulant nous rapprocher du texte, Brizé l'éloigne de son auteur et de l'époque de l'action.
Même esprit de systématisation dans l'alternance vite lassante des plans de nature grise où l'héroïne rumine son mal être et des images ensoleillées du bonheur d'autrefois.
A plusieurs reprises, la mort des personnages est traitée de la même façon par des ellipses dont certaines sombrent dans le ridicule: la mère, épuisée, trouve que la journée est belle, et le plan suivant nous montre sa tombe. Mari, femme et amant plaisantent ensemble et le travelling qui suit nous fait découvrir leurs cadavres ensanglantés.
On est donc devant un film magistralement interprété par Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreau, mais qui manque cruellement de vie et d'émotion car il semble être la lourde mise en place de théories trop longuement pensées.