jeudi 5 septembre 2013

HOUSE OF CARDS (suite)


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Après avoir vu les épisodes 4 et 5, je crois que finalement j'abandonne la série. Le rythme de lent est devenu franchement ennuyeux. L'intrigue se complique inutilement, on finit par ne plus rien comprendre au billard à 12 bandes de Kevin Spacey. La mise en scène se réduit à des champs-contre-champs. J'ai quitté l'écran 10 minutes; quand je suis revenu, l'histoire n'avait guère avancé... Bref, ça ne m'intéresse plus. "I quit" comme disent les Américians. Mes soirées du jeudi sont de nouveau libres.

HOUSE OF CARDS

Cette série américaine qui a fait ses débuts en France sur Canal + me paraît un excellent exemple de ce que j'avançais plus haut sur ce genre si prisé aujourd'hui. Le scénario de House of cards est tricoté aux petits oignons, passionnant, mais aussi impersonnel qu'un travail de fin d'année d'un bon étudiant sorti d'une des multiples écoles "d'écriture" des Etats-Unis. On sent vraiment que les leçons ont été bien apprises et bien restituées. Certes, le résultat est intéressant, les intrigues s'imbriquent idéalement, et on prévoit que les personnages vont se révéler plus complexes à chaque épisode.
Kevin Spacey est excellent, comme d'habitude, et sa partenaire aussi. Rien à dire d'une interprétation tirée au cordeau. La série Scandal était au contraire insupportable, les acteurs hurlaient et ne faisaient que courir, ce qui donnait un rythme artificiellement rapide aux épisodes. House of cards est adorablement lent, on a le temps de s'installer dans ses pantoufles.
Le problème vient de la mise en scène et est inhérent au genre. En fait, je crois avoir compris qu'il ne fallait surtout pas qu'il y ait mise en scène. Les acteurs doivent jouer leur texte et la caméra doit les filmer. Point final. C'est là la grande différence entre le cinéma et la télé, et ce qui fera que je ne pourrai me passionner avant longtemps pour les séries diffusées sur le petit écran. J'aime bien sentir la différence entre un film de Cronenberg, de Lynch, de Fincher. Ici, la différence entre les 2 premiers épisodes (réalisés par Fincher) et le 3ème était invisible: la loi du genre veut que la mise en scène ne se voit pas. Ce qui compte, c'est l'histoire, ses rebondissements, les personnages, les révélations qui nous sont distillées progressivement sur eux. Les apartés face caméra qui pouvaient passer pour une "invention" de Fincher (dont Labiche et consorts usent et abusent dans le vaudeville français du XIXème siècle) devient un procédé largement repris par la suite.



Je continuerai à suivre House of cards parce que l'histoire est bien racontée, mais on est loin d'une œuvre cinématographique personnelle. Et je suis loin d'être un défenseur du "cinéma d'auteur": simplement, il faut savoir garder la mesure. Les mots ont un sens: une série n'est pas une œuvre cinématographique. On peut adorer Michel Zévaco et ne pas le mettre sur le même plan que Marcel Proust.