jeudi 14 novembre 2013

TEMPO DI ROMA



Le roman de l'écrivain belge Alexis Curvers est paru en 1957 et a obtenu immédiatement un grand succès, à la surprise générale: son éditeur lui-même, Robert Laffont, bien qu'adorant le manuscrit, avait prédit à son auteur: "Cela n'intéressera que les amoureux de Rome".
En effet, tous ceux qui connaissent la ville, qui s'y sont promenés, égarés, retrouveront le parfum inimitable des rues et des places de la capitale italienne, et surtout de cette piazza Sant'Ignazio, véritable décor de théâtre où vont se jouer comédie burlesque et tragédie. Sans parler de l'immense stade de football aux gradins détruits du Circo Maximo, du tombeau de Cecilia Metella sur la via Appia, et des petits matins sur le Monte Mario. 


Piazza Sant'Ignazio

Ceux qui aiment le cinéma italien des années 60 et 70 retrouveront les grandes fêtes felliniennes de La Dolce vita, l'aristocratie romaine des Visconti, et les ragazzi de Pasolini. Mais bien loin d'être un fourre-tout, le roman vous envoûte par son style, qui n'est pas sans rappeler celui de Proust, non par ses longues phrases sinueuses, mais par le choix du mot juste qu'on ne peut imaginer différent de celui que l'auteur a choisi.
C'est aussi une grande, belle et donc triste histoire d'amour, qu'on ne découvre d'ailleurs qu'à la fin, quand il est trop tard pour que le sentiment s'épanouisse et qu'il ne reste plus que le regret de ne pas avoir su le vivre.
Il paraît qu'un film a été tiré de ce chef d'œuvre. Je n'ai pas du tout envie de le voir: il a été réalisé par de La Patellière et interprété par Charles Aznavour et Arletty. Je ne peux imaginer une seconde le visage du jeune guide pour touristes du roman sous les traits du grand chanteur...même avec sa tête de 1960.