mercredi 26 octobre 2016

MOI, DANIEL BLAKE

LE VIEUX N'A PAS PERDU LA MAIN

Ken Loach (87 ans) nous offre à nouveau un film émouvant, humain, drôle, roboratif. Si vous vous attendez à une caméra portée à la main qui suit les personnages filmés de dos, à un montage syncopé ou ostensiblement retors, passez votre chemin. Cela n'a jamais été le style du réalisateur anglais et cela ne le sera jamais.
En revanche, si vous appréciez le cinéma qui s'intéresse au monde contemporain et surtout aux gens d'aujourd'hui, vous serez heureux. Vous découvrirez, sans didactisme, ce qui se passe lorsqu'on est vieux mais encore capable et désireux de travailler, et qu'un problème cardiaque ne vous handicape pas totalement tout en exigeant de vous une certaine mesure. A-t-on droit alors à une indemnité chômage ou invalidité? 
Quand on ne connaît rien au maniement d'un ordinateur et qu'on écrit son CV au crayon, c'est à peine si on est digne de vivre... dans une société où l'Etat a abandonné la prise en charge des citoyens en difficultés à des entreprises privées, qui ne songent qu'à dégraisser plutôt qu'à secourir.
Heureusement, il reste entre les hommes, et les femmes, certaines formes de solidarité et c'est ce qui empêche de désespérer totalement, quand on voit une mère de famille affamée se jeter littéralement sur une boîte de conserve dans une banque alimentaire.
Ce film nous vaut aussi le souvenir d'une belle histoire d'amour au son de la musique de la météo marine de la BBC.
Ce n'est pas une œuvre révolutionnaire mais elle nous parle, nous invite à la vigilance et à l'indignation.


Ken Loach a bien mérité sa 2ème Palme d'or.