mardi 30 décembre 2014

TIMBUKTU

Le film de Sissako me laisse perplexe: plastiquement, il est très beau (trop?) mais son propos est ambigu. Je ne peux m'empêcher de me poser trois questions à son sujet.
1. La famille touareg, si belle, si sympathique, de quoi précisément tire-t-elle ses revenus ? Monsieur et madame restent mollement allongés sous leur tente, discutent, sourient, grignotent, tandis que leur vache GPS est (mal) gardée par un petit garçon. 
2. Le héros malheureux de l'histoire (le touareg en question) est tout de même le meurtrier d'un pêcheur. Même dans nos contrées civilisées, il serait puni à la suite d'un procès. Le but du film est-il seulement de dénoncer la peine de mort à laquelle il est condamné?
3. Le fait de présenter des djihadistes "humains", parlant foot, se cachant pour fumer, incapables de riposter à un imam qui tient des propos pertinents à leur encontre ou à une poissonnière qui n'a pas sa langue dans sa poche, est-il judicieux? Toutes proportions gardées, c'est un peu comme si on nous disait que les nazis étaient de bons pères de famille, qui aimaient leurs chiens et la musique...
Le buisson sur la dune, tel un pubis, sur lequel s'acharne la mitraillette d'un islamiste est une métaphore un peu trop appuyée de la peur de la femme éprouvée par ces fiers-à-bras adeptes du voile et des gants pour l'autre sexe...
Tous ces points m'ont considérablement gêné pendant la projection et m'ont privé d'une adhésion totale à ce film.
Un grand moment cependant: les gamins qui jouent au foot sans ballon, puisque le sport est interdit par les intégristes. Dans cette scène, l'enjeu est clair et c'est vraiment du cinéma. 
Les propos tenus par le réalisateur dans Positif sont également sujets à discussion: à la question de savoir quand une intervention étrangère est justifiée dans un pays injustement envahi, Sissako répond: "Quand il y a unanimité." Le concept d'unanimité me laisse perplexe...

lundi 29 décembre 2014

SPARTACUS


 



C'est en 1951 que paraît le roman de Howard Fast. Ce n'est ni le péplum hollywoodien de 1960 que Kubrick a plus ou moins renié, ni la série TV actuelle, indigeste et ridicule.
La construction du roman est intéressante dans la mesure où le héros n'apparaît jamais "en direct": il est le personnage principal des retours en arrière et lorsque l'œuvre commence, il est mort et l'on expose sur la via Appia les 6000 esclaves crucifiés suite à l'échec de leur révolte. Sur l'ensemble du roman plane l'ombre d'un destin nauséabond.
Nous suivons le voyage de jeunes patriciens, heureux de s'être débarrassés de l'horrible danger constitué par l'ex-gladiateur et retrouvant les plaisirs sensuels et sexuels d'une existence où les esclaves ont repris, après l'horrible répression, leur place "naturelle". Nous découvrons les opinions pleines de fiel de l'ambitieux Cicéron à l'aube de sa grande carrières et celles, plus nuancées et respectueuses, du vainqueur de Spartacus. Fast a, dans un premier temps, choisi le point de vue de l'ennemi de classe. 
Ce n'est que dans la deuxième partie que nous suivons l'histoire de Spartacus, depuis les mines de sel jusqu'à l'école de gladiateurs de l'ignoble Lentulus. Finalement, le combat des esclaves contre leurs maîtres et les légions romaines n'occupe que peu de place dans le roman, l'auteur ayant préféré évoquer longuement la mort sur la croix de son héros. La dernière partie, après la disparition de Spartacus, s'intéresse essentiellement à l'évocation de sa compagne. Cette construction inattendue n'est pas le moindre des charmes de cette œuvre aujourd'hui ensevelie sous le poids des symboles, des adaptations et des réécritures.


Howard Fast a publié, entre autres, en 1954, Silas Timberman, un passionnant roman relatant un épisode de la chasse aux sorcières menée contre les enseignants américains.

dimanche 28 décembre 2014

MOMMY

A l'heure des bilans de fin d'année, Mommy est, sans conteste, mon film de l'année.

J'avais apprécié le premier opus de Xavier Dolan J'ai tué ma mère, mais été profondément agacé par le maniérisme narcissique des Amours imaginaires, où le metteur en scène tenait absolument à montrer sa nuque. J'en avais conclu que Laurence anyways et Tom à la ferme ne méritaient pas mon attention...
Avec Mommy, celui qu'on ne désigne plus que comme "le prodige québécois" a voulu faire un film pour le public et non pas à destination des seuls fans de son nombril. Et l'on reste littéralement scotché devant l'écran à géométrie variable où se déchaîne un adolescent strictement hétérosexuel, imprévisible, touchant, dangereux, bien éloigné des personnages habituels de Dolan, souvent englués dans leurs problèmes d'identité sexuelle. Steve est réellement malade et l'auteur parvient à nous rendre sensible son enfermement mental par le format anxiogène de l'écran: ce n'est qu'à deux exceptions que le personnage ouvrira littéralement de ses mains l'espace claustrophobique de son univers pour enfin se libérer et nous libérer par l'utilisation de l'écran large. Jusqu'à la crise suivante.
Plus encore que le personnage de la mère, magistralement interprété par Anne Dorval, c'est celui de l'étrange Kyla (Suzanne Clément) qui m'a paru intéressant: visiblement détruite par la perte d'un petit garçon, elle reporte toute sa sollicitude dans l'impossible rééducation de Steve, délaissant son mari et sa fillette. Le trio - l'adolescent, sa mère, la voisine- ne connaîtra que de rares moments de bonheur, comme la sublime scène où résonne la chanson de la "gloire nationale" du Canada, Céline Dion.


Par ailleurs, en marge du film, Xavier Dolan a tenu des propos qui m'ont fait revenir sur ce que j'estimais être de l'arrogance insupportable de sa part:
- à la suite de son altercation avec Eric Zemmour, il a précisé à un journaliste qui voulait revenir sur l'affaire qu'il ne désirait plus perdre le quart de la moitié d'une seconde à parler de ce monsieur...
- à un autre interviewer extatique qui lui demandait les raisons de son audace à faire entendre du Céline Dion à un moment particulièrement émouvant du film, il a répondu benoîtement qu'il aimait bien Céline Dion..
J'ai l'impression que Xavier Dolan, pas bête du tout et à présent décidé à être sympathique, risque de devenir un très grand cinéaste.

mercredi 10 décembre 2014

NOUVELLES ETUDES DE DASEINSANALYSE

Ca vient de sortir...
Si vous voulez lire un article sur La situation existentielle de l'aigri, n"hésitez pas...