dimanche 30 juin 2013

LES PARDAILLAN : 3 / LA FAUSTA

Après Les Pardaillan et L'Epopée d'amour, je lis en ce moment le troisième volume de la célèbre série de Michel Zévaco qu'à ma grande honte je ne connaissais que de nom. Sur mon Kindle, c'est un régal que de sauter littéralement d'une page à l'autre de ces merveilleux et fringants volumes. Les deux premières aventures nous avaient plongés dans les préparatifs de la Saint-Barthélemy fomentée par une Catherine de Médicis effrayante, flanquée de son empoisonneur-magicien Ruggerri, qui est aussi le père de son enfant caché qu'elle fera tuer... Le troisième tome nous fait retrouver la reine mère vieillissante mais toujours aussi dangereuse et nous fait découvrir rien moins qu'une papesse secrète, chargée de redorer le blason terni de l'Eglise, en unissant l'institution apostolique, catholique et romaine à un un roi de France inféodé. Mais lequel des trois Henri? Henri de Guise, Henri de Navarre ou Henri de Valois? Quel plaisir de se perdre dans ces intrigues labyrinthiques, foisonnantes de personnages, de scènes d'action à couper le souffle, de tortueuses machinations, de dialogues ébouriffants! Les héros et héroïnes n'arrêtent pas de "frissonner" à chaque instant et nous aussi. Et plus c'est gros et mélo, et meilleur c'est. Comme chez Dumas, on trouve aussi ce sentiment si mélancolique du temps qui passe et de la décrépitude des choses et des gens.
Michel Zévaco était un anticlérical plein de santé et on sent bien sa haine des catholiques, d'Henri de Guise à la papesse Fausta Ière! Ses ouvrages paraissaient d'ailleurs en feuilletons dans le journal de Jaurès... Il ne faut certes pas chercher dans la série des Pardaillan le respect de la vérité historique, mais quelle verve et quelle joie partagée dans le délice de raconter et d'écouter des histoires!



samedi 29 juin 2013

UNE BOUTEILLE A LA MER

Avec un titre aussi plat, on s'attend à un mélo naïf, une histoire d'amour entre deux inconnus que le hasard va réunir. L'expéditrice du message dans la bouteille vit en Israël, c'est une adolescente juive de Créteil. Celui qui va découvrir la lettre est un jeune palestinien qui vit à Gaza. Très vite, ils communiquent par mail, d'abord en anglais, puis en français. Naïm, le Palestinien, étudie notre langue pour pouvoir obtenir une bourse et fuir son pays à feu et à sang. Il comprend rapidement les subtilités de la conjugaison française: "Le conditionnel est un mode nécessaire à Gaza" dit-il, et en récitant le début d'Inventaire: "Une pierre, Deux maisons, Trois ruines, Quatre fossoyeurs", il demande en plaisantant à son professeur si Prévert ne serait pas un peu palestinien...
A Jérusalem, pendant ce temps, on vit dans la terreur et l'angoisse entre deux attentats; on attend anxieusement des nouvelles du frère Eytan, soldat à Gaza justement. Le metteur en scène, Thierry Binisti, ne rejette pas dos à dos les deux personnages qui s'aiment malgré le monde qui les entoure. Il ne cherche pas non plus à savoir qui a tort ou qui a raison, qui a commencé, qui souffre le plus. Il embrasse ses personnages dans la même affection, dans le même désespoir optimiste. "Entre nous, c'est compliqué, mais pas impossible", écrit la jeune Tal sur son clavier d'ordinateur.
Les deux jeunes amoureux ne s'apercevront qu'une fois: Naïm a obtenu le droit de quitter Gaza et doit prendre en Jordanie l'avion pour la France . Après de multiples contrôles d'une froideur glaciale, son professeur lui fait traverser en voiture Israël, mais il n'a pas le droit de s'y arrêter. Tal est venue l'attendre dans un parking, au dernier check-point, le long du mur qui sépare les deux nations. NaÏm ne peut descendre du véhicule. En s'éloignant à toute vitesse, son regard suit de longues minutes celle qu'il reverra peut-être un jour à Paris.
Un film émouvant, sensible, très fin, et qui nous montre, sans prendre parti, la situation inextricable de ces deux peuples.


BEL-AMI



Hier soir, j'ai vu Bel Ami sur Canal + Cinéma. Lors de sa sortie en salles, les critiques avaient été négatives, et celle de Télérama dans son numéro de la semaine était particulièrement violente. Eithne O'Neil dans Positif avait, pour une fois, éclairci son style afin d'en dire aussi beaucoup de mal. J'ai été "surpris en bien": le film m'a paru assez fidèle au roman, et l'interprétation de Robert Pattinson plutôt supportable malgré le regard de merlan frit de l'acteur un peu trop jeune et pas assez "martial" pour le rôle. L'adaptation manquait de relief et tout l'aspect encore contemporain de la satire de Maupassant sur la presse aurait pu être nettement renforcé. Le rythme trop rapide (pour faire jeune?) et la musique envahissante n'arrangeaient pas les choses; mais on était loin de la trahison stupide et du naufrage annoncé par une certaine presse. Mais pourquoi Georges Duroy a-t-il perdu la moustache dont Maupassant parle tant et dont il fait un symbole phallique évident? Pourquoi les Walter sont-ils devenus les Rousset? Pour faire plus "franchouillard"? A ce propos, Paris ressemblait beaucoup à Budapest, et c'était particulièrement gênant. Ces économies de production finissent par ôter toute réalité aux décors d'extérieur.
Je me posais la question de savoir qui pourrait interpréter le rôle de Bel-Ami: j'ai pensé à Jacques Weber jeune, quand je me suis tout à coup souvenu qu'il l'avait déjà joué pour la télévision. Harry Reems l'a aussi joué dans une version porno intitulée L'Empire des caresses... George Sanders dans l'inoubliable The Private Affairs of Bel-Ami est peut-être un peu trop élégant. Il lui manque la veulerie et la brutalité du personnage de Maupassant.