vendredi 14 octobre 2016

L'EPINE DANS LE COEUR

Michel Gondry aime bien le "bricolage" cinématographique: qu'on se souvienne de La Science des rêves, de Rembobinez s'il vous plaît et surtout du merveilleux Microbe et Gasoil. Il apprécie les machines improbables, les personnages hors de notre monde, les univers à la marge.
Avec L'Epine dans le cœur, il semble se plonger dans le réel. Le réel de sa vraie famille, de sa tante et de son cousin. C'est autour de ces deux personnes que va s'organiser et se désorganiser le film. Gondry suit d'abord un schéma classique de documentaire: il retrace la carrière d'institutrice de sa tante à travers ses différents postes. L'occasion de rendre un hommage émouvant aux pédagogues inventifs, généreux, dont les anciens élèves viennent porter témoignage de leur reconnaissance.
Les perchistes, les cadreurs font semblant d'apparaître par mégarde dans le champ; les formats différents et hétéroclites se succèdent sans raison apparente; on assiste à la projection du film devant les membres de la famille du réalisateur qui y ont participé et à celle d'un classique du cinéma dans une école aujourd'hui en ruine.
Le film évoque aussi les événements historiques qui ont jalonné la trajectoire de l'enseignante, comme les conséquences de la guerre d'Algérie.
Et puis, tout à coup, on s'intéresse au cousin affublé d'un curieux look et dont on va connaître le secret qui constitue cette "épine dans le cœur" de sa mère. Le film change alors de registre: on entre dans un drame familial, une blessure toujours ouverte. Le spectateur peut être décontenancé par cette confusion, ce mélange de deux thèmes totalement différents, d'autant plus que l'activité professionnelle de cette mère déchirée ne semble avoir jamais souffert de la tragédie intime qu'elle vivait.


En définitive, on a l'impression de voir un film familial super 8 d'autrefois, comme semble le confirmer la scène finale, un film personnel face auquel on peut se sentir étranger mais envers lequel on peut aussi éprouver de l'empathie, car ce qui s'y passe et ce qui s'y dit est universel.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire