mardi 1 juillet 2014

BIRD PEOPLE

Chacun dans sa case, chacun dans ses problèmes: même dans le RER bondé, pas la moindre solidarité, pas la moindre communauté humaine, tant les voyageurs sont englués dans leurs soucis individuels de travail, de famille.
Chacun fuit ses responsabilités: pour rompre, l'Américain choisit la visio-conférence. Il n'a jamais eu le courage de s'expliquer clairement avec sa femme et il ne peut le faire que par l'intermédiaire d'un écran d'ordinateur à des milliers de kilomètres de chez lui. Il n'a que faire de la vie de son épouse totalement anéantie par sa décision soudaine et égoïste
Chacun ment: le concierge du luxueux hôtel, dont les fenêtres donnent sur l'aéroport Charles-de-Gaulle, fait croire à sa collègue de travail qu'il dort chez un copain, en attendant de trouver un logement décent. En réalité, il couche dans sa voiture. Même la vieille cliente bien mise et si respectable raconte au téléphone qu'elle est dans le couloir de son immeuble alors qu'elle regagne sa chambre.
La petite bonne du Hilton de Roissy, à qui personne ne parle, dont le travail n'est reconnu par personne, en a assez de nettoyer la saleté des autres, ces autres qui restent dans leurs cases toutes identiques. Elle décide de fuir, elle aussi: elle devient oiseau, comme dans un conte de fées, un simple moineau qui survole l'aéroport, de nuit, pendant que David Bowie chante Space oddity. C'est beau un aéroport vu d'oiseau, mais quand on est un petit oiseau, on court le risque d'être dévoré par un chat ou un hibou. Humain ou animal, on n'est jamais tranquille...sauf quand un artiste vous prend pour modèle, et qu'on devient tout fier qu'il vous dessine. Vous êtes enfin devenu quelqu'un.
Quelqu'un, une personne, pourtant identique à d'autres personnes. Une parmi d'autres, avec un nom et un prénom. Et non plus personne, le néant. Nobody.
Pascale Ferran sait filmer, nous amuser et même philosopher.


Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire